Extrait de "L’AÉRONAUTIQUE NAVALE FRANÇAISE de septembre 1939 à juin 1940"
(hors série n° 1 de la revue AVIONS, décembre 2001)
par Lucien Morareau


La 4S1 est à la déclaration de guerre, l’escadrille d’active de surveillance de la 4ème Région Maritime. Elle est stationnée sur la B.A.N. de Karouba près de Bizerte en Tunisie. Elle est équipée de CAMS .55 et est commandée par le LV René Durand.

Dans les premières semaines des hostilités, les CAMS effectuent des missions de protection rapprochées des nombreux transports de troupes qui amènent en France les divisions d’active nord-africaines au départ de Bizerte et de Bône. Des vols de surveillance du littoral tunisien et est-algérien sont aussi effectuées; dans ce dernier cas, ce sont souvent les étangs d’Oubeïra et d’El Mellah situés près de la Calle, entre Bône et Tabarka, qui sont utlisés comme bases temporaires. L’île de la Galite sise à environ 40 kilomètres au nord-est de Tabarka sert aussi d’escale occasionnelle (1).

A la fin du mois de janvier, une section de deux CAMS est mise en place pour quelques jours dans le golfe de Bou Grara, au sud de Djerba. Le 30 et 31 mars, le LV Durand effectue une liaison vers Malte.

Malgré les nombreuses missions de surveillance effectuées, la 4S1 doit aussi assurer l’entraînement des batteries de DCA qui défendent le port de Bizerte, et les vols de remorquage de manche sont très fréquents.

Le 10 juin, l’Italie déclare la guerre à la France et, dès le lendemain, la BAN de Karouba est violemment bombardée par la Regia Aeronautica. Il y a de nombreux dégâts et des victimes, mais la 4S1 est épargnée et peut continuer ses missions de surveillance.

Le 22 juin, les CAMS.55 4S1.1 (EV1 Gardanne) et 4S1.5 (LV Blain) décollent pour une patrouille de surveillance au large de Karouba. A 12h25, à hauteur du Cap Zébib, à l’est de Bizerte, ils sont attaqués par un chasseur. Le 4S1.1 est touché plusieurs fois et a deux blessés à bord, Le 4S1.5 s’en sort indemne. Les deux hydravions rentrent à Karouba, mais le 4S1-1, trop endommagé, ne parvient pas jusqu’au lac et doit faire un atterrissage de fortune dans un champ où il se brise. On pense dans un premier temps que l’assaillant était italien, mais les équipages sont formels, c’est d’un appareil français qu’ils ont été victimes, une méprise comme il y en aura tant au cours de la seconde guerre mondiale. Et c’est sur cet événement dramatique que la 4S1 va terminer la campagne (2).

Appareils attestés en service :

(1) Les îles de la Galite et du Galiton étaient avant la guerre des escales favorites des escadrilles basées à Karouba. Les langoustes y étaient nombreuses et fort bon marché.

(2) Pour des raisons évidentes, la version officielle qui fut donnée de l’affaire faisait mention d’un appareil italien et les équipages des 2 CAMS furent cités. Mais bien que ces évènements soient maintenant plus que cinquantenaires, ceux des survivants que nous avons pu retrouver se souviennent encore avec précision de ces moments difficiles, les balles françaises pensent-ils tous, ont fait autant de dégâts que si elles avaient été ennemies …

(3) A voir l’état de l’appareil, on peut quand même s’étonner que l’équipage s’en soit tiré avec des blessures légères.