Le jeudi 15 septembre 1955, quatre patrouilles décollent vers 21 h pour effectuer un entrainement de nuit au large de la Corse. La météo est mauvaise, avec notamment de nombreux cumulo-nimbus.

La patrouille "Spartacus jaune" se compose du TBM-3W 9F-13, piloté par l'OE3 Roger Vazeille, avec l'EV1 Jean Pontillon et le SM Christian Letellier, tous deux navigateurs, et du TBM-3S2 9F-6 piloté par le SM Le Berre, avec le Mtre Jean Barreau, radio, le Mtre Yves Grillot, mitrailleur-bombardier, et le SM Michel Culty, mécanicien. Sa zone d'exercice se situe à l'est de la côte corse. Les consignes sont de s'y rendre en contournant le cap de Bonifacio, au sud de la Corse, afin de rester au dessus de la mer. Mais le briefing de ce soir là a aussi donné pour ordre de rejoindre les zones le plus rapidement possible, en raison du mauvais temps.

En fait, la patrouille Spartacus jaune prend de l'altitude au dessus du Golfe d'Ajaccio, puis se dirige au cap 140, ce qui devrait l'amener à traverser les montagnes corses tout en restant à distance des principaux sommets.

Vers 21 h 30, les gendarmeries de Zicavo et Serra di Scopamente signalent au contrôle aérien de Campo dell'Oro que les habitants des villages voisins ont entendu un bruit de moteur d'avion suivi de deux fortes explosions, puis qu'ils ont vu des lueurs d'incendie sur les crêtes près du col de la Vacchia. Toutes les patrouilles en vol sont rappelées immédiatement. Spartacus jaune ne répond pas.

Les communes de Zicavo, Serra di Scopamente, Aullene, Cozzano et Olivese organisent des colonnes de secours qui partent dans la nuit, mais doivent toutes renoncer à cause du très mauvais temps (pluie et brouillard). Les recherches reprennent à l'aube avec la participation d'une colonne de secours partie d'Aspretto et dirigée par le commandant Drouin. Des TBM de la 9F effectuent des recherches aériennes.

Vers 5 h 30, ces colonnes guidées par les bergers locaux découvrent les restes des deux avions à 5,5 km du col de Zicavo. Dans l'après-midi, les sept corps sont redescendus à Zicavo, puis ramenés à Ajaccio.

Les deux appareils ont percuté la montagne juste en dessous de la crête de Sistaja, qui culmine à 1754 m (5650 pieds). Même s'ils avaient passé cette crête, ils auraient rencontré ensuite le mont Incudine qui culmine à 2128 m (7000 pieds). Le conservateur de cap du leader est retrouvé bloqué au 140.

Il est probable que le leader a été victime d'une panne de compas, à moins que ce soit un fort vent qui l'ait fait dériver sur sa gauche. Son équipage était constitué d'un navigateur en instruction et d'un moniteur. Ceux-ci ont sans doute été absorbés par l'apprentissage de la procédure de mise en route du radar APS-3 et n'ont pas contrôlé la route suivie. Le pilote ailier devait concentrer toute son attention au maintien de sa position en patrouille serrée dans la nuit et la pluie. Les autres membres de son équipage n'avaient pas les moyens de suivre la navigation.

Les funérailes montrèrent l'émotion provoquée par cet accident. Lorsque le cortège, en provenance de la BAN, a remonté le cours Napoléon vers la cathédrale, on peut dire que presque toute la population d'Ajaccio se pressait sur les trottoirs. La cathédrale était pleine pour la cérémonie qui fut trés émouvante.

Une stèle a été érigée sur la route D69 à proximité du lieu de l'accident. Elle porte l'inscription "Près de ce lieu sont tombés en service aérien commandé dans la nuit du 15-9-1955 :" suivie des noms et grades des sept victimes. Jusqu'à la fermeture de la base d'Aspretto, un détachement venait lui rendre les honneurs à chaque anniversaire de l'accident. Cette tradition a été ensuite poursuivie par les anciens de la Marine en Corse.