Le 21 février 1944, par nuit noire, le Walrus 4S-35 décolle d'Alghera pour assurer la protection d'un convoi qui longe la côte occidentale de la Sardaigne vers Bône et Alger. Le chef de bord est l'Aspirant Jacques BERNARD, observateur (servant sous un état civil d'emprunt pour des raisons de sécurité, sa véritable identité étant Jacques DREYFUS). Arrivé à l'escadrille le 23 décembre 1943, il a effectué quarante heures de vol depuis cette date dont 10h50 de nuit. Le pilote est le SM FOURN, qui totalise plus de 1000 heures de vol.

La météo est mauvaise, les liaisons radio peu sures. L'observateur-chef de bord a sa seule navigation estimée comme moyen de savoir où il est, et il ne possède même pas de dérivomètre. Sa mission terminée, il rentre sur Alghero et demande des relèvements. Alghero le reçoit 1/2 sur 5, lui ne reçoit pas. Le SM radio LEGE tente vainement d'améliorer la réception . Arrivé en vue de la côte, l'équipage croit se trouver du côté d'Asinara et prend cap au sud, laissant Alghero derrière lui. Il reçoit de plus en plus faiblement. Peu après, l'avion se trouve à bout d'essence. Découvrant une petite crique, il tente de se poser pour ensuite s'échouer sur la côte. L'avion lance une bombe éclairante qui est vue par les guetteurs et commence son approche. Soudain, il s'enfonce et percute l'eau.

L'armée italienne, trois jours après, découvre les corps du pilote et du radio. Ils sont transportés à Cagliari et sont inhumés dans le cimetière allié.

Le 20 janvier 1945, l'amphibie du PM REICHARD a une panne de moteur au décollage de Nice. Le pilote n'a pas le temps de rentrer le train d'atterrissage et le Walrus capote quand il touche l'eau. Reichard et le LV SOURDON se noient, alors que les deux passagers peuvent regagner la plage.

Le 23 mars 1945, le Walrus 4S Golf (Mtre pilote DEVOIR, Mtre armurier PUCHU et 2 passagers) part de Bastia pour un vol d'essai. Il fait route au Nord au dessus de la mer en longeant la côte, puis s'engage dans la vallée du Miomo. Cette vallée est étroite et encaissée, encadrée par des sommets de plus de 600 m et aboutit à une crête de 700 m. Il n'est pas possible à un avion d'y faire demi-tour. Bloqué sur la gauche par l'éperon du St Hyacinthe, le Mtre DEVOIR a cabré pour essayer de monter avant la falaise qui supporte la ferme de Cavalino, puis viré à droite. Il est possible qu'il ait espéré asseoir l'appareil sur une des terrasses qui bordent le ruisseau Fumazelle, seules surfaces horizontales du paysage. Etant donné la petite taille de ces terrasses, cet espoir était forcément chimérique.

Madame R. se trouvait dans sa cuisine lorsqu'elle a entendu un bruit d'avion "extraordinaire". Elle est sortie sur son bacon qui a vue sur la vallée et aperçu le Walrus qui remontait la vallée en volant très bas. Elle a appelé son mari qui est venu également sur le balcon. Ils ont vu l'avion venir en direction de la ferme On avait l'impression que l'avion allait percuter au pied de la ferme. Au dernier moment l'appareil a viré à droite et disparu derrière le coin de la maison. Le plan gauche accroche une murette. La coque percute dans une autre, puis prend feu et explose (munitions, bouteille d'oxygène). Il n'y a pas de survivants.

Nota: Les deux passagers étaient le SM radio Antoine LEONARDI et le SM mécanicien François RUBINI. Ils ne sont jamais cités dans les historiques officiels, ni n’apparaissent sur le monument de Costebelle, probablement parce qu’ils n’avaient rien à faire à bord de l’appareil. D'après les noms à consonnance corse, on peut penser que la cause de l'accident peut être un "déroutement touristique".